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GUIDE DU BON SENS

exigeraient que l’on supprimât toute apparence de préséance, et ces bancs qui, dans la classe, les uns derrière les autres, comportent un premier et un dernier ; plus de premier, plus de dernier, égalité totale, complète : les enfants exigeraient qu’on les plaçât en rond…

J’ajoute que dans un pays qui inscrit l’égalité au fronton de ses monuments publics, on devrait attendre les mêmes exigences, non des seuls écoliers, mais de tous les citoyens.

Comment un gouvernement peut-il être assez imprudent pour proclamer devant tous et promettre à tous l’égalité ?

Imprudence ou impudence, et les deux sans doute, comme nous l’avons déjà vu précédemment, lorsqu’il s’agissait de la liberté : gouverner au nom de l’égalité n’est pas moins dérisoire que de gouverner au nom de la liberté ; c’est, dans les deux cas, aller à l’encontre du sens des mots, ou supposer que les gens ne voient ni ne cherchent jamais rien au delà des mots.

Et celui ou ceux qui, confortablement installés, à l’abri, dans de bons fauteuils, déclarent à la foule qu’ils voient, autour de l’enceinte réservée où ils se carrent, piétiner dans la boue et sous la pluie : « Nous sommes tous égaux ! » — les mêmes, d’ailleurs, qui à ce même instant s’écrieront : « N’entrez pas, et vive la Liberté ! », — croyez-vous que nous hé-