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GUIDE DU BON SENS

chacun devra transporter son sac d’or au sommet d’une haute montagne.

Dans chaque sac, bien entendu, au bas de la montagne, le même nombre de pièces d’or était contenu.

Arrivés au sommet, on constatera que pas un sac ne contient encore un nombre de pièces égal.

L’un des porteurs, trop vieux, ou qui avait le souffle court, a dû se débarrasser, en montant, des trois quarts de sa charge, faute de quoi il n’aurait jamais pu achever son ascension ; un autre, au cœur sensible, ne résista pas à la compassion que lui inspiraient de pauvres gens rencontrés en chemin, à qui il fit l’aumône d’une pièce d’or ; qu’est-ce qu’une pièce d’or, quand on en a un lourd sac tout rempli ?

Et un autre, au cœur plus sensible encore, ne résista pas non plus à la séduction d’une promeneuse irrésistible, — la tentation est partout, même sur la montagne, — et si c’est une seule pièce d’or qu’il remit à celle-là pour des bonbons, un bijou, un bouquet, ce n’est pas beaucoup…

Bref, la moralité du conte arabe, c’est que chacun également pourvu au départ, remplit sa mission différemment, suivant son tempérament, ses dispositions et le hasard des rencontres, et différemment vide son sac.