la place de l’autre, ce sera l’autre qui enviera ses biens, voudra tout bouleverser à son tour pour les lui prendre ou reprendre, et ainsi voit-on bien qu’il n’y aura pas de raison pour que ça finisse…
La fraternité n’est pas une méthode, c’est un sentiment ; un sentiment demeure le même dans toutes les éventualités, s’accommode de toutes les contingences, pourvu qu’il soit profond et sincère.
Que tous les hommes arrivent à se persuader sincèrement, profondément, qu’ils sont frères, la cruelle et monstrueuse affirmation que le bonheur des uns fait le malheur des autres, avec sa réciproque non moins monstrueuse et non moins cruelle, n’auront plus aucune signification : la répartition du bonheur, quelle qu’elle fût, ne saurait désormais en aucun cas nous émouvoir ou nous indigner, — ça ne sortira pas de la famille !
On n’a donc pas de peine à imaginer l’intérêt de la fraternité ainsi comprise, et l’on s’expliquera de reste que le bon sens, qui est pour les solutions rapides et simples, ait une tendresse particulière pour celle-ci, qui arrangerait tout de suite, si simplement et si commodément, toutes choses.
Bien entendu, nous prenons le mot « fraternité » et le mot « frères », dans leur sens le plus général, qui est aussi le plus généreux.