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GUIDE DU BON SENS

sées, et au delà, qui persiste en eux, alors surtout, c’est une grande soif de fraternité, réjouissons-nous à le constater et à le répéter, un grand appétit fraternel…

Et de même que sous cette influence heureuse, et comme si ce sens de la fraternité était bel et bien en nous véritable instinct, c’est lui que l’on verra d’abord réagir aux heures de détresse et de panique.

Il est arrivé au cours de la guerre que les adversaires en présence, chassés des tranchées par l’eau et la boue qui en rendaient l’abri matériellement intenable, cessaient de se cacher les uns aux autres, mais, par une entente tacite, cessaient de tirer les uns sur les autres affrontés à découvert : les troupes qui, pour un temps, voulaient ainsi oublier l’état de guerre, on a dit qu’elles « fraternisaient » ; fraternisation évidemment coupable, car les notions de devoir, de discipline et d’honneur passent avant toutes les nécessités et les vicissitudes matérielles, et c’est à elles qu’il convient de penser d’abord pour s’y sacrifier, et même y sacrifier tes frères, fussent-ils réellement tes frères.

Aussi bien, l’instinct de fraternisation apparaissait surtout, en l’occurrence, une forme de l’instinct de conservation ; et quand l’instinct seul est en jeu, quand c’est seulement d’instinct qu’il s’agit et l’instinct qui agit, pour