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GUIDE DU BON SENS

Mais Pierrot est bien l’égoïste intégral, qui ne prête ni sa chandelle, ni sa plume et, solitaire, se cachant dans un coin, vide la bouteille et achève la brioche : le résultat de son égoïsme, c’est que pendant ce temps, Colombine court la guilledou avec Arlequin.

Il y a un exemple qui me poursuit, sur lequel je reviens le plus volontiers, car je l’estime de nature à prêter grandement à réfléchir : c’est l’exemple du bernard-l’ermite. Il est, comme on sait, le coucou des mollusques, et pis encore que le coucou : car celui-ci, encore pourra-t-il prétexter, à son excuse, que s’il se précipite de cette manière cavalière et incongrue dans le nid des autres, ce qu’il en fait c’est pour ses petits, et quand la maternité le presse.

Mais le bernard-l’ermite ayant avisé quelque coquille à sa convenance, et à sa taille, c’est de propos délibéré, et sans avoir cherché d’abord à se loger sans déloger personne, c’est de propos délibéré qu’il s’y installe, après en avoir cyniquement et férocement expulsé le propriétaire légitime et premier occupant.

Que de temps perdu cependant à cette recherche, que d’efforts dépensés pour cette conquête de haute lutte, et, au total, quelle incertitude !…

Ce qui m’a toujours frappé dans l’action des égoïstes et des méchants (ce sont les mê-