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GUIDE DU BON SENS

Vienne une circonstance grave, il y a des chances pour que le langage du bon sens nous revienne alors tout naturellement à la bouche, du moins souhaiterions-nous qu’il y revînt : mais à force de ne nous en plus servir, par système et par snobisme, si nous allions complètement l’avoir oublié ?

On cite ainsi le cas de certaines personnes du Midi qui, pour corriger un accent qui trahissait avec éclat leurs origines, affectent de prendre l’accent anglais, mais n’ont en réalité ni l’accent anglais, ni l’accent méridional.

Il ne faudrait pas imaginer, d’ailleurs, qu’il y ait une telle différence entre le langage du bon sens et d’autres propos que nous qualifierons d’insensés : bien des fois, ce seront les mêmes propos, au contraire, et la différence résidera tout entière dans les conditions de temps et de lieu, dans les dispositions d’esprit où ils auront été prononcés.

Ainsi la même réplique peut prendre à nos oreilles une résonance absurde ou sublime, et il n’y aurait pas besoin de chercher beaucoup, par exemple, pour que le fameux « Qu’il mourût ! » se présentât autrement que comme une réplique sublime.

Ce qui caractérise le langage du bon sens, c’est qu’il est toujours clair et précis, qu’il ne participe jamais à la fausse éloquence, ni au pathos, ni au charabia.