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GUIDE DU BON SENS

trer extrêmement réservés et prudents dans nos jugements. Ne paraissait-il pas raisonnable que la terre ne tournât point ? Et pourtant elle tourne… Il semble que la science passe ainsi le meilleur de son temps à tendre des pièges ou à faire des farces au bon sens.

— Les savants devraient être les plus humbles des hommes ; une grande découverte scientifique consiste le plus souvent à découvrir d’abord la grossière erreur d’un autre savant.

— La science se targue de ne point se payer de mots ; est-elle si sûre de ne pas se payer de chiffres ? Elle vit avec la matière, dans la réalité des faits, elle ne rêve jamais, et l’on voit parfois qu’elle se trompe. Trompé pour trompé, j’aimerais encore mieux que ce fût à la faveur d’un rêve.

— Ces gens proclament fièrement : « Science, d’abord ! » Science d’abord, mais quoi ensuite ?

— Qu’un Pasteur ait cru à autre chose qu’à la science, et reconnu, loyalement, qu’elle était un moyen et non une fin, comme cela gêne certains apôtres et apologistes de la science, qui ne sont pas loin de considérer que, dans