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GUIDE DU BON SENS

petite chansonnette et joli un grand air d’opéra.

— Pourquoi mépriser et calomnier le plaisir ? Il y a des plaisirs stupides et grossiers, mais il en est aussi d’aimables et s’il est vrai qu’ils soient faciles, toute fleur n’a pas besoin de se cacher au fond d’un fourré impénétrable pour être brillante et sentir bon.

— Le bonheur se passe d’épithètes ; on dit : le bonheur, et cela dit tout. Si l’on dit : le plaisir, sans rien de plus, et sans préciser de quel genre de plaisir il s’agit, tu fronces les sourcils, tu t’inquiètes ; il y a, de toute évidence, contre le plaisir une prévention qui ne saurait exister contre le bonheur.

— On a l’air de craindre que la recherche du plaisir ne nous détourne du chemin du bonheur ; mais pourquoi le chemin du bonheur serait-il sans plaisir ? Et nous détourner du plaisir, est-ce le seul et sûr moyen de nous mettre dans la bonne route ?

— Plaisir d’amour, bonheur d’aimer…

— La différence du plaisir au bonheur est une différence de durée, plus encore que de qualité ; il n’y a pas de plaisirs éternels et il