Regretté de ses soldats
Il mourut digne d’envie
Et le jour de son trépas
Fut le dernier de sa vie.
Ce dernier trait est apparu comme la plus évidente de ces vérités évidentes auxquelles, à cause de Monsieur de la Palisse, on se plaît à donner le nom de « lapalissades », et l’on ne s’est pas rendu compte que c’est précisément parce que nous considérons que le jour du trépas est le dernier de la vie, que nous nous entêtons à user de raisonnements qui ne sont valables que pour la vie, toutes les fois qu’il s’agirait, comme ici, de raisonner de la mort.
Le jour du trépas est bien le dernier de la vie, mais c’est autre chose de bien plus angoissant, c’est le début du mystère de la mort qui commence.
La première des idées fausses que nous nous faisons sur la mort et qui suffirait à fausser toutes les autres, c’est que nous n’arrivons pas à l’envisager en soi, toute seule, indépendante de la vie avec laquelle elle n’a aucun rapport ; à toute force nous voulons la rattacher à la vie, voir en elle un événement de notre vie, « le dernier jour de la vie », penser à la vie à travers la mort, que nous ne voyons, que nous ne concevons qu’en fonction d’elle, la vie, toujours elle.