Page:Franc-Nohain - Guide du bon sens (1932).djvu/41

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et de ne point imiter les tentatives désespérées de ce personnage de roman, qui toute une nuit, les veines gonflées, les muscles tendus, furieux et congestionné, cogne dans le battant, secoue le chambranle, bref s’évertue à ouvrir en dehors une porte qui ne demandait qu’à céder à la première, à la plus douce pression, mais en dedans

Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, il faut aussi qu’une porte s’ouvre en dedans, ou en dehors ; et si tu épuises tes forces à l’ouvrir en dehors, sans vérifier, au préalable, si ce n’est pas tout simplement en dedans qu’elle s’ouvre, là aussi tu manqueras de bon sens.

Mais il y a la beauté de l’effort, objectera-t-on, même si cet effort est inutile ; on n’enfonce pas les portes ouvertes, soit ! Mais une porte hermétiquement fermée, ou qui paraissait telle, et que tu jettes bas d’un coup d’épaule, cela vous a tout de même une autre allure que si tu dois te contenter de l’ouvrir, ou en dehors, ou en dedans.

Le bon sens répond qu’il n’est pas partisan des démonstrations inutiles : « À quoi cela sert-il ? » répète-t-il le plus volontiers ; et on la lui reproche assez, sa manie bassement utilitaire, et pratique, on la lui reproche un peu trop, et injustement !

Que certains exploits soient, en apparence, inutiles, mais seulement en apparence, car ils