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GUIDE DU BON SENS

semble orgueilleux d’avoir gagné quelque épreuve sportive ?

EUDOXE. — Je reconnais aussi qu’il y a des chiens qui font le beau : mais c’est toujours à la demande des hommes ; c’est l’orgueil des hommes, l’orgueil du maître qui est flatté, d’abord, non l’orgueil du chien. Et la médaille que vous donnez à ce chien à l’Exposition Canine, ou, à ce cheval, le flot de rubans du Concours Hippique, sans doute vous dirait-il, s’il pouvait parler, que ça lui fait une belle jambe !…

POLYDOXE. — Êtes-vous décoré, cher Eudoxe ?

EUDOXE. — N’attendez pas, cher Polydoxe, que je vous réponde : — Comme tout le monde !… Mais il est exact que je suis décoré comme beaucoup de monde.

POLYDOXE. — Ce ruban ou cette rosette, que vous accrochez à votre boutonnière pour vous signaler à l’attention des passants, estimez-vous vraiment qu’ils ajoutent à vos mérites ?

EUDOXE. — Convenez qu’ils ne les diminuent pas.

POLYDOXE. — Ainsi vous en êtes fier ?

EUDOXE. — Je n’en suis pas mécontent.

POLYDOXE. — Cependant vous ne pouvez pas ne pas en ressentir toute la vanité.

EUDOXE. — C’est, en effet, ma vanité qui s’en déclare satisfaite.