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GUIDE DU BON SENS

oublier, précisément, non que vous avez du bon sens, mais d’en disposer à propos.

POLYDOXE. — N’est-il pas cependant de justes colères, et ne parle-t-on pas de la colère divine ?

EUDOXE. — Les hommes parlent de la colère divine comme les taupes, dans leur taupinière, pourraient parler de l’Himalaya. Il n’y a pas de commune mesure entre les sentiments et les mobiles de l’humanité et les sentiments et les mobiles que nous prêtons à la divinité. Prétendre que les Dieux ou que Dieu se mettent parfois en colère est une hypothèse toute gratuite, où nous imaginons une cause dont nous n’avons jamais vu que les effets.

POLYDOXE. — Ce sont ces effets qui nous atteignent, comme la gifle que reçoit l’enfant…

EUDOXE. — L’enfant désobéissant est puni. Cette gifle a pour cause la désobéissance de l’enfant, non la colère paternelle.

POLYDOXE. — On m’a cité le cas d’un petit garçon de trois ans qui, chaque fois qu’il était habillé et prêt à partir pour rendre visite à certaine vieille dame qu’il avait prise en grippe, se mettait à hurler, et dans un tel état, qu’il fallait, pour arrêter sa crise, lui jeter de l’eau à la figure. Cette eau le calmait, mais endommageait du même coup l’ordonnance de ses vêtements, et obligeait sa bonne mère à le rhabiller des pieds à la tête. Un jour que,