Elle taille à chacun sa part,
Négligemment, au bout de sa fourchette !
Seulement, pour ce faire, il faut,
Un couteau qui coupe, et non pas
Un couteau qui ne coupe pas :
Et justement le beau couteau,
(Celui du beau service, de la corbeille de mariage),
Fait l’admiration des gens
Avec son manche en vieil argent, —
Mais il n’en coupe pas davantage ;
Il faut affiler son tranchant,
Allons, rémouleur, à l’ouvrage !…
Et cependant, vaillant artisan, je devine
Que tu t’attristeras à ce couteau banal,
Toi, dont le ruban colonial
Si noblement décore la poitrine :
Oui, ton cœur de guerrier se cabre,
À ne fourbir, hélas ! que des armes de paix ;
Ah ! des baïonnettes, des sabres !…
On a beau n’en parler jamais,
Il y pense toujours, le rémouleur français :
Page:Franc-Nohain - Les Chansons des trains et des gares, 1900.djvu/219
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.