Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/104

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Chocolat s’approche, curieusement ; Footit chante toujours ; Chocolat s’impatiente : il frappe sur l’épaule de Footit ; Footit continue ; Chocolat frappe plus fort ; Footit alors s’interrompt, gifle Chocolat, — puis il recommence, annonçant à nouveau : Premier couplet :

À la maison nous n’irons plus,
À la maison nous n’irons pas…

Chocolat s’approche une seconde fois ; très doucement, il se met à donner un coup de pied à Footit ; très doucement, puis un peu plus fort, puis de plus en plus fort, dix coups de pied, vingt coups de pied, cent coups de pied, de la jambe droite d’abord, puis de la jambe gauche, cela sans que Footit feigne de s’en apercevoir, sans qu’un seul instant, imperturbable, il ait interrompu sa chanson ; tant qu’à la fin, Chocolat, n’en pouvant plus, les deux jambes fourbues, tombe épuisé ; Footit s’arrête, le contemple, à terre, d’un air méprisant ; puis avec un geste d’excuse au public pour l’incartade de ce rustre dépourvu de goût, il salue encore, et annonce qu’il recommence le premier couplet :

À la maison nous n’irons plus,
À la maison nous n’irons pas,
À la maison nous n’irons jamais pas…

Et il ne faut rien moins, pour le faire taire, que l’intervention de deux garçons d’écurie qui le portent jusqu’à la sortie, chantant toujours !…