Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/112

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tations pour l’Espagne ; les petits Espagnols crient, trépignent — le soleil, évidemment, et aussi l’entraînement des courses de taureaux.

Ces trépignements, ces cris ne laissent pas, certes, d’être assez flatteurs ; mais, par contre, il y a ceci de terrible qu’à certains moments, sans raison, simplement parce qu’il est mal disposé, ou disposé différemment, le public qui fréquente les cirques, en Espagne, décide de ne point laisser parler les clowns, fût-ce son clown le plus aimé, son clown favori — même Footit.

Et alors le clown a beau faire, il a beau prendre sa voix la plus comiquement aiguë, lancer ses plus populaires lazzis, du haut en bas des gradins, tous les enfants, tous les amateurs, tous les « aficionados » de la piste sont là qui protestent :

— Salta ! salta !

Et le malheureux artiste n’aura qu’une chose à faire, qui est de « sauter » en effet, sauts périlleux en avant, en arrière, et la « roue », et le « poirier », et mille pirouettes, jusqu’à ce que le public, satisfait et calmé, lui permette de recommencer son « entrée », et ses jeux de mots, et ses farces avec l’écuyer, bref tout ce qui constitue la « littérature » de son rôle, tout ce qui, en un mot, est la gloire d’un homme comme Footit et son inimitable génie.

Il est donc naturel que Footit préfère à ces enthousiasmes exubérants mais capricieux des Espagnols, par exemple, la sympathie plus discrète mais toujours attentive, et cordiale, et chaleureuse qu’il sent si vive et si sincère dans son cher public de Paris.