Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/114

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davantage, nous, pères de famille, l’influence de Footit, sinon pour la santé, au moins pour l’éducation de nos enfants ; et je tiens qu’il y aurait pour Footit une situation considérable à prendre, une situation morale qui le place à peu près à mi-chemin entre Croquemitaine et saint Nicolas.

Et puis Footit n’est-il pas dans les meilleures conditions requises pour comprendre les enfants et s’en faire comprendre — lui qui a trois garçons et une fille, et qui les aime bien, je vous le garantis — et il n’est pas besoin d’en parler longuement avec lui pour s’en convaincre !…

Georges, le flegmatique, et Tomy (n’est-ce pas Tomy que, secrètement, Footit préfère, ce Tomy qui lui ressemble tant), et la jolie Lily, si blonde et gracieuse et frêle, et cet impayable et comique petit Harry !…

Je songeais, cependant que Footit me retraçait complaisamment et avec un paternel orgueil les prouesses de ses fils, je songeais à cette anecdote de je ne sais quel poète étranger :

Un enfant, un orphelin, s’est approché de la tente que des saltimbanques viennent de dresser sur la place du village ; il y a là un autre enfant, l’enfant de ces saltimbanques, qui vient à lui et l’interroge :

— Tu n’as pas de père ? Le mien a un visage tout enfariné et il fait des culbutes et des grimaces qui sont les plus plaisantes qui soient ! Pas de mère non plus ? Ma mère à moi mange de l’étoupe et quand elle danse sur la corde tout le monde bat des mains et trépigne de joie. Vois-tu, les parents