Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

scène ; vous voyez que l’aventure de l’auberge n’avait pu que constituer pour lui un excellent entraînement.

Le triomphe d’Ern le chasseur fit, cette saison, du cirque Sanger le cirque à la mode ; et le duc de Clarence, qui avait l’honneur de recevoir, dans son château des environs de Londres, la reine Victoria et toute la famille royale, eut l’idée de leur donner, chez lui, le spectacle du cirque, et fit venir le cirque Sanger.

On dressa les tentes dans le parc ; il faisait un froid terrible, et Footit, qui devait paraître, débouchant du fond du parc avec ses six chevaux, Footit a gardé le souvenir d’une de ces onglées qui marquent dans la vie, ou pour le moins, dans les mains d’un homme !

Et il n’empêche que cette onglée demeure le plus beau jour de sa vie, — et pour un peu, vraiment, il se demanderait si ce grand froid lui vint de la température, et non plutôt de l’émotion, — l’émotion de « travailler » devant la reine !

Car Footit est un excellent Anglais, et un Anglais très loyaliste ; il se plaît à rappeler que le roi Édouard, alors prince de Galles, était un habitué de Covent Garden Circus, et qu’il le manda un soir dans sa loge, non pour de vains compliments, mais pour lui remettre une somme de cinq livres, qu’il le priait de boire, lui et ses camarades, à sa bonne santé !…

Après cette saison exceptionnellement brillante, le cirque Sanger quitta à nouveau Londres et le Covent Garden, et, comme l’année précédente, retourna en France.