Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/34

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général de tout le personnel du cirque, Footit faisait régulièrement, chaque jour, sa partie de poker ; et, régulièrement, depuis huit jours, il perdait tout ce qu’il voulait, tout ce qu’il pouvait, jusqu’au moment où, n’ayant plus un sou, il ne pouvait plus rien perdre.

Plus rien ? Et Tom o’Shanter ?

Tom o’Shanter contre vingt-cinq louis !…

Footit gagna les vingt-cinq louis ; mais en trois coups suivants, il reperdait les vingt-cinq louis, et, avec, Tom o’Shanter.

Et le pis est que le cheval avait été gagné par un écuyer, dont la femme cherchait précisément un cheval dressé avec lequel elle pût faire un numéro de cirque ; naturellement elle ne consentirait plus à prêter Tom o’Shanter à Footit ; elle se le réservait ; Footit était à pied, — et cette expression, quand il s’agit d’un écuyer, s’emploie vraiment dans toute sa force.

Que devenir ? il fallait vivre.

Et Footit demanda à prendre rang parmi les clowns de la troupe.

Footit me l’a dit, et je le crois aisément, ce n’est pas une mince préoccupation que de s’improviser clown.

Songez qu’il s’agira de parler, tout à coup, devant cette foule, sur cette piste, où l’on avait accoutumé d’évoluer en silence.

La première surprise, et la crainte d’entendre ainsi résonner sa voix !

Et cette voix sera-t-elle, non seulement claire, non seulement nette, mais