Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/36

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sympathique était établi, Footit avait partie gagnée, il était sacré clown par le public bordelais.

Footit avait choisi pour son début une scène traditionnelle, celle du mannequin sur qui le clown fait pleuvoir en toute sécurité gifles et coups de pied, jusqu’à ce que le mannequin ayant été remplacé par un écuyer véritable, les coups de pied et les gifles se retournent, comme d’eux-mêmes et miraculeusement, contre le clown. Mais l’ingéniosité de Footit devait aussitôt s’exercer à la recherche de divertissements plus nouveaux.

Quelquefois, à ses débuts, comme il avait une physionomie fine et jeune, on l’avait habillé en femme, et quand il paraissait ainsi transformé, avec un tricorne coquettement posé sur sa perruque, le public, de bonne foi, avait été souvent émerveillé par la science et l’intrépidité de cette charmante écuyère.

Footit eut l’idée de recommencer la chose, mais en parodie, et c’est ce « numéro » de la parodie de l’écuyère qui établit sa réputation : après tout, c’était encore un souvenir de Tom O’Shanter !…

C’est dans cette parodie de l’écuyère que Paris applaudit Footit pour la première fois : au fond il déplaisait à l’oncle Sanger que son neveu, à qui il avait imposé le métier de clown comme une punition, y eût réussi ; Footit s’en rendait compte, et, sans qu’ils se fussent d’ailleurs fâchés ensemble, au lieu de rentrer en Angleterre avec son oncle, il vint à Paris, où il trouva bientôt un engagement à l’Hippodrome de l’avenue de l’Alma.