Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/37

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Paris est la ville qui consacre toutes les réputations, même celles des clowns.

Footit était déjà notoire quand, pendant la clôture de l’Hippodrome, il vint au Grand Cirque de Madrid donner une série de représentations.

Le premier soir, comme il y avait eu courses, ce jour-là, à Madrid, tous les clowns s’étaient habillés en toréadors grotesques, avec la petite natte au ras de la nuque.

Footit fit son entrée, très correctement vêtu en toréador, drapé majestueusement dans sa cape, — mais avec une longue natte de femme dans la dos, une longue et épaisse natte qui lui traînait jusqu’aux talons, et dans laquelle il trébucha d’abord deux ou trois fois de suite, pour venir enfin s’étaler de tout son long au milieu de l’arène.

Un tel rire, gros, énorme, retentit soudain, en dehors même du public, près de la barrière où se tient d’ordinaire le personnel du cirque, le personnel subalterne, que Footit, presque malgré soi, se retourna : un nègre était là, un petit nègre d’une quinzaine d’années, qui s’était faufilé parmi les écuyers, et qui riait, qui riait convulsivement, de toutes ses dents blanches…

Ce petit nègre, c’était Chocolat.