Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/50

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Comme tous les gens qui n’ont pas la conscience nette, la seule vue de ce gendarme suffit à bouleverser Raphaël ; pas de doute, on le recherche, on veut le conduire en prison, déjà les Castanio ont mis la maréchaussée à ses trousses…

Et le voilà qui s’affole, qui se met à courir, d’une allure désordonnée, à travers champs, appelant ainsi sur l’attention du gendarme, qui, voyant quelqu’un se sauver à son approche, naturellement, lui aussi, se met à courir…

Chocolat sait, en effet, depuis l’enfance, ce que c’est que de fuir, à perdre haleine, devant les gendarmes, devant le gendarme de Castrosopuelta : et, cette fois, je vous assure bien qu’il n’avait pas envie de rire !

Raphaël, toujours serré de près par le gendarme, finit, de guerre lasse, par prendre le chemin de la ferme, pour se réfugier auprès de Mme Castanio, se jeter à ses pieds, implorer son pardon…

L’excellente vieille señora, qu’avait fort inquiétée la brusque disparition de l’enfant, l’accueillit sans sévérité, et même, pour ce qui était de l’argent, — malgré qu’elle eût réputation d’être assez avare, — ne voulut point paraître trop irritée.

Elle pensa, avec une grande bienveillance, qu’il y avait un peu de sa faute, qu’il ne faut pas tenter le diable, ni, par conséquent, les petits nègres, qui sont noirs comme lui, et qu’avant de charger Raphaël de missions si délicates, il convenait, sans doute, de le mettre mieux à même de s’en rendre digne, et, pour cela, de s’occuper un peu de son éducation, fort négligée, comme on a pu voir, à la Havane…