Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/51

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Et la conclusion de la señora fut qu’on allait envoyer Raphaël à l’école.

Échapper au gendarme pour tomber sous la férule du maître d’école de Castrosopuelta… Pauvre Raphaël !

Battu pour battu, Raphaël préférait du moins avoir goûté, auparavant, les bénéfices de l’école buissonnière.

Et vraiment, pour Raphaël, buissonnière n’est pas assez dire : les buissons, fi donc ! il lui fallait des arbres, les grands arbres, les plus grands arbres, tout en haut desquels il grimpait pour y dénicher des oiseaux…

Et c’est en haut d’un arbre qu’un beau jour, balancé par le vent, il balança en effet, comme jadis Hercule, entre le vice et la vertu, ou tout au moins, entre la règle et l’aventure.

Du haut de cette sorte d’observatoire, où il s’était réfugié, et où il flânait parmi les branches, il distinguait ici, tout près, la ferme des Castanio, la vieille señora traversait la cour, dans un pré voisin on avait mis au vert la jument grise…

Et là-bas, tout là-bas, n’étaient-ce pas les fumées de Bilbao, n’était-ce pas la ville qu’il devinait derrière le lointain horizon ?…

La ville ! et son âme de petit faubourien se prit à rêver du divertissement des rues, de tout ce que la vie y prend de variété, d’imprévu…

La ville !…

Il jeta un coup d’œil sur la calme maison, sur la vieille señora, qui, un