Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/86

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Mais il importait de trouver pour lui un costume approprié à son nouveau rôle, un costume qui, dès l’abord, disposât favorablement le public, et ajoutât au comique de ses entrées, et des scènes auxquelles il allait prendre part.

On était alors tout à la réjouissante invention du personnage d’Auguste, qui venait de triompher sur la piste de l’Hippodrome de l’avenue de l’Alma.

Or, Footit, observateur sagace et véritable psychologue du rite et de ce qui fait rire, Footit, devant les créations de l’Auguste de l’Hippodrome, avait eu cette conception ingénieuse : ce qu’il y avait de plaisant chez Auguste, n’était-ce pas de voir un monsieur grave, un monsieur en cravate blanche et en chapeau haut de forme, se mêler aux facéties des clowns, échanger avec eux des gifles et des coups de pied, participer à leurs sauts périlleux et à leurs culbutes les plus folles ?

Mais la cravate d’Auguste lui remonte ridiculement dans le cou, mais son chapeau a des ailes absurdes, et, lustré à rebrousse-poil, défie le coup de fer — rien à faire !

Et son habit noir est, volontairement, de la coupe la plus grotesque…

Or, ne serait-il pas, au contraire, infiniment plus drôle, et d’un comique bien plus direct, bien plus intense, que les gifles et les coups de pied fussent reçus par un impeccable gentleman, et que ce fût ce même impeccable gentleman, toujours impeccable et toujours gentleman, que l’on verrait tout à coup faire la roue, sauter en arrière ou marcher sur les mains ?