Page:Franc-Nohain - Les Mémoires de Footit et Chocolat, 1907.djvu/94

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Il est deux sentiments dont Footit excelle, entre tous, à exprimer l’excès : c’est la colère et c’est la terreur.

Quiconque a vu Footit, dans la scène fameuse où il est contraint de se battre en duel avec Chocolat, ne saurait oublier son visage blême, claquant des dents, les yeux agrandis, les épaules tremblantes, les genoux qui s’entrechoquent, et tout son corps, comme une loque, le dos voûté, et les épaules comme rapetissées du poltron…

Mais quand Footit est en colère, ah ! l’on comprend que Chocolat n’en mène pas large !…

Le visage de Chocolat est plus impassible ; c’est que sa psychologie est peu compliquée, et les sentiments peu variés de sa cervelle bornée :

— Monsieur Chocolat, vous êtes un imbécile !…

— Vous dites ?…

— Je dis : Vous êtes un imbécile !

— Non !

— Imbécile !…

— Ne répétez pas, ou je…

— Vous êtes un idiot !

Chocolat se rassérène.

— À la bonne heure ! Je veux bien « un idiot », mais je ne veux pas que vous disiez « un imbécile » !…