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entier, je fais à la France le don de ma personne.
xxxx En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés, qui dans un dénuement extrême sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude. C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat.
xxxx Je me suis adressé cette nuit à l’adversaire pour lui demander s’il est prêt à rechercher avec nous, entre soldats, après la lutte et dans l’honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités.
xxxx Que tous les Français se groupent autour du gouvernement que je préside pendant ces dures épreuves et fassent taire leurs angoisses pour n’écouter que leur foi dans le destin de la patrie. »


Voilà ce que, d’une voix cassée par l’émotion, je vous disais le 17 juin 1940.

Ma voix aujourd’hui s’est raffermie car la France se relève. Mais bon nombre de Français se refusent à le reconnaître. Croient-ils vraiment que leur sort est plus tragique qu’il y a un an ?

Français, vous avez vraiment la mémoire courte. Souvenez-vous de ces colonnes de fuyards, comprenant des femmes, des enfants, des vieillards, juchés sur des véhicules de toute nature, avançant au hasard, dominés par la crainte et la volonté d’échapper à l’ennemi, s’arrêtant le soir sur un côté de la route, hommes et bêtes harassés de fatigue et obligés de repartir le lendemain de bonne heure, afin de ne pas perdre leur place dans la colonne. Quelle épreuve pour ces braves gens et quelle angoisse lorsque des mitrailleuses venaient survoler la colonne.

Aujourd’hui, vous avez pour la plupart regagné vos foyers. Sans doute, les prisonniers n’y sont pas encore rentrés, les femmes luttent et souffrent, le ravitaillement se fait mal, les taxations vous exaspèrent, vos enfants ne mangent pas toujours à leur faim, mais la France vit, les maisons, les ponts, les usines se reconstruisent.

Faut-il vous dire l’immense effort de notre agriculture qui, malgré l’absence d’un million d’agriculteurs prisonniers, a remis en culture un million d’hectares nouveaux ? Faut-il vous dire que notre jeunesse a raidi ses muscles et son âme, que la pureté, l’idéal, l’esprit de sacrifice s’imposent chaque jour avec plus de force, avec plus de rayonnement ?

Faut-il vous rappeler le jugement que portent sur notre pays les nations neutres, l’hommage qu’elles rendent à notre premier redressement ?