Page:France - Opinions sociales, vol 1, 1902.djvu/24

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l’avertis que j’allais verbaliser, il me répondit en criant : « Mort aux vaches ! » ce qui me sembla être injurieux.

Cette déposition, ferme et mesurée, fut écoutée avec une évidente faveur par le Tribunal. La défense avait cité Mme Bayard, cordonnière, et M. David Matthieu, médecin en chef de l’hôpital Ambroise-Paré, officier de la Légion d’honneur. Mme Bayard n’avait rien vu ni entendu. Le docteur Matthieu se trouvait dans la foule assemblée autour de l’agent qui sommait le marchand de circuler. Sa déposition amena un incident.

— J’ai été témoin de la scène, dit-il. J’ai remarqué que l’agent s’était mépris : il n’avait pas été insulté. Je m’approchai et lui en fis l’observation. L’agent maintint le marchand en état d’arrestation et m’invita à le suivre au commissariat. Ce que je fis. Je réitérai ma déclaration devant le Commissaire.

— Vous pouvez vous asseoir, dit le président. Huissier, rappelez le témoin Matra. — Matra, quand vous avez procédé à l’arrestation de l’accusé, M. le docteur Matthieu ne vous a-t-il pas fait observer que vous vous mépreniez ?

— C’est-à-dire, monsieur le président, qu’il m’a insulté.

— Que vous a-t-il dit ?

— Il m’a dit : « Mort aux vaches ! »

Une rumeur et des rires s’élevèrent dans l’auditoire.

— Vous pouvez vous retirer, dit le président avec précipitation.