Page:France - Saint Yves.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

servait tout ce qu’il y avait de friandise dans sa pauvre demeure ; puis après avoir préparé, de ses propres mains, un lit pour les coucher, il leur aidait à s’y mettre. Pour lui, il prolongeait longuement dans la nuit son travail et ses prières, jusqu’à ce que la fatigue ne l’obligeât à s’étendre sur la terre humide, dans un coin quelconque de sa chambre. Un jour, lisons-nous dans son office, un pauvre arriva un peu tard à Kermartin, et de crainte d’importuner la maison, il se coucha sur une pierre qu’on montre encore non loin de la porte. Yves, en sortant le matin de bonne heure, heurta ce pauvre tout glacé et presque mort de faim et de misère. Aussitôt il le fait entrer, le couche dans son lit, le recouvre de ses propres vêtements, et pour se punir de cette faute bien involontaire pourtant, se met lui-même, la nuit suivante, à la place du pauvre et prend son sommeil sur cette pierre dure, sans aucune couverture, pendant un hiver très rigoureux.

Dieu, par un miracle que le saint homme dissimulait de son mieux, lui rendait quelquefois les vètements dont il s’était dépouillé, et remplissait de blé le coffre ou arche qu’il venait de vider pour nourrir les malheureux. Aussi, plein de confiance