Page:France - Saint Yves.djvu/131

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dans cette bonté infinie, dont la providence s’étend jusqu’aux moindres créatures, Yves donnait toujours et donnait largement. Il n’y avait pas que les pauvres à lui demander l’hospitalité, les religieux mendiants aimaient aussi à descendre chez lui. Rempli de déférence pour eux, à cause de la sainteté de leur caractère et de leurs vœux monastiques, il les recevait, dit Jean de Kergoz, avec une certaine élégance de table et de toilette, leur servait des plats bien préparés et même du bon vin, pendant que lui-même se contentait d’un pain grossier, avec quelques pois chiches et des fèves cuites simplement à l’eau et au sel, encore ce dernier assaisonnement y manquait souvent. Ces bons religieux s’en étant à peine aperçus, s’imaginaient avoir été reçus dans un presbytère richement pourvu. C’est sans doute ce que voulait le bienheureux, autant par charité que par modestie.

À voir le nombre prodigieux des pauvres qui, dans l’année, recevaient l’hospitalité à Kermartin, on est porté à se demander si Dieu ne multipliait pas les mendiants, au pays de Tréguier, pour révéler la charité de son serviteur. « Pour une seule nuit que j’y ai couché, dit Henri Fichet, j’ai vu neuf pauvres logés et hébergés par le saint