Page:France - Saint Yves.djvu/134

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qu’il donna encore sans doute, au premier pauvre qui se sera présenté.

Un autre jour, en effet, son tailleur venait de lui apporter une soutane toute neuve qu’il avait travaillée de son mieux, lorsqu’un mendiant, entre dans la maison, couvert de haillons. «  Essaie cet habit, lui dit Yves, afin que je voie sur toi s’il est bienfait. » Le pauvre refuse d’abord, croyant à une plaisanterie. Le prêtre insiste et le malheureux, tout honteux, consent à revêtir cette soutane. Il lui fallut prendre aussi le capuchon, et Yves l’obligea à garder le tout. « Te voilà désormais très bien habillé, ajouta-t-il avec bienveillance, va maintenant gagner ton pain et que Dieu te bénisse. »

Plus d’une fois Yves laissa ses habits en gage, pour procurer du pain à ses hôtes habituels. C’est pour eux que Dieu lui avait donné du bien, et nous voyons combien largement il distribuait sa fortune. Sa charité a dû être payée par les consolations intérieures les plus suaves. Un jour même il eut le bonheur de recevoir, comme les disciples d’Emmaüs, Notre Seigneur visiblement à sa table. Ce jour donc, dit Yves Suet, j’allai dîner chez lui à Kermartin. À mon arrivée, il venait de distribuer le dernier pain d’une fournée toute entière. Au