Page:France - Saint Yves.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un degré inférieur peut-être, mais généreusement encore et sans compter.

« Un jour, dit Guillaume de Kersauson, témoin de Louannec, le recteur nous invita à dîner. C’était la cinquième année de son arrivée dans cette paroisse, et la Bretagne souffrait d’une grande disette. Quand nous arrivâmes au presbytère, il n’y avait qu’un seul pain dans la maison, et trois ou quatre pauvres à la porte, attendant l’aumône. Yves prit le pain et en distribua de grandes tranches à ces malheureux affamés. «  Arrêtez-le, s’écria le vicaire, ou bien il donnera tout le pain et nous n’aurons rien pour dîner. » Nous n’en fîmes rien, et Yves, qui avait tout entendu, mit de côté la part du vicaire et donna le reste aux mendiants. Le vicaire, qui se nommait Guillaume de Trohas, chercha en vain son morceau de pain qu’il avait déposé sur une petite table : il avait disparu comme le reste, et cependant on n’avait vu personne entrer dans la salle. Tout à coup une petite femme, pas plus grande qu’une naine, frappa à la porte, apportant dans son tablier trois grands gâteaux pour les convives du saint, y compris le vicaire. Elle disparut aussitôt, sans qu’il fût possible de savoir ce qu’elle était devenue. »