Page:France - Saint Yves.djvu/161

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La disette était si grande, continue le témoin, que les hommes étaient réduits à manger de la terre. Yves en nourrit miraculeusement un très grand nombre, en se privant lui-même jusqu’à rester huit jours sans rien prendre. Conan de Guernabacon fut témoin lui-même d’un de ces miracles. Se trouvant un jour à Louannec, il fut voir le recteur qui l’invita à dîner. Au même moment arrivèrent une trentaine de pauvres gens, tous affamés, n’ayant rien mangé depuis plusieurs jours. Le saint envoya chercher du pain chez le boulanger. On n’en trouva qu’un de deux deniers. « J’en donnerai, dit-il, pendant qu’il y en aura, et Dieu fera le reste. » Il commença donc à en distribuer des morceaux, et il y en eut pour tous. « Je crois bien, dit Conan, que quand bien même il y en aurait eu mille de plus, le pain aurait suffi pour les rassasier tous. »

Il ne suffisait pas de nourrir les pauvres, il fallait encore les habiller. Yves employait à cela tout l’argent dont il pouvait disposer, après ses abondantes aumônes. C’est à Lannion qu’il s’approvisionnait de grosses toiles et de drap à bon marché. Les tailleurs de Louannec en faisaient des vêtements que le bon recteur distribuait à tous les nécessiteux. Pour