Page:France - Saint Yves.djvu/177

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être martyrisé par les Juifs, comme les premiers martyrs ; ni par les païens, comme les seconds ; ni par les hérétiques, comme les troisièmes ; mais il fut le martyr de la pénitence où il n’eut pas d’autre persécuteur que lui-même, et au lieu que les supplices des autres martyrs ne duraient que peu de temps, et qu’ils avaient parfois quelque relâche, ceux de saint Yves durèrent toute sa vie. »

Sa chemise était de grosse toile d’étoupes, rude comme un cilice de crins ; quand elle était devenue trop douce par un long usage, il la donnait à un pauvre pour en prendre une autre plus dure encore. Il se la jetait sur le corps toute mouillée, sans craindre le froid de la nuit. Sur sa poitrine, il portait un véritable cilice qu’il dérobait soigneusement aux regards. Obligé de le quitter quelques jours avant sa mort, il le remit secrètement à un de ses domestiques, pour être porté à un reclus près de la Roche-Derrien, qui l’avait vivement sollicité. Comme si ce n’était point encore assez pour tourmenter son corps, Yves se laissait dévorer par la vermine qui formait comme un cilice vivant autour de ses membres amaigris, et il les cachait, ces insectes qui le dévoraient vivant, avec plus de soin encore que ses autres instruments de pénitence !