Page:France - Saint Yves.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

concours du peuple fut immense pendant les huit jours que dura l’exposition des reliques. Malgré la guerre qui avait repris avec plus de fureur que jamais, et qui avait amené pour Charles de Blois le désastre de la Roche-Derrien, les parties belligérantes déposèrent les armes d’un commun accord, pour assister à cette fête vraiment nationale. Charles de Blois, fait prisonnier quelques mois auparavant, obtint lui-même la permission de s’y rendre un jour. Il quitta nu-pieds la Roche-Derrien, par un froid rigoureux, selon le vœu qu’il en avait fait. Les habitants qui le voyaient passer, les pieds ensanglantés, pleuraient de pitié et jetaient sur la voie de la paille et même leurs habits, mais le duc les écartait pour marcher sur les pierres les plus dures, et parvint ainsi, après avoir fait une grande lieue, jusqu’à la porte de la cathédrale. Il descendit, à genoux, les six marches du porche de la nef, et se traîna, dans cette posture d’humiliation, jusqu’au tombeau de saint Yves pour lui rendre ses devoirs.

Cette fête si populaire, appelée par le peuple la Saint-Yves d’hiver, fut célébrée avec beaucoup de dévotion pendant plusieurs siècles. Cependant elle disparut de notre calendrier, depuis la suppression