Page:France - Saint Yves.djvu/314

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c’est l’isolement et l’exil. Se voir, se parler, s’entretenir du pays, prier les saints de sa province, chanter leurs hymnes et leurs guerz en commun, c’est presque remplacer la patrie absente. Tel dut être le but des confréries ou corporations pieuses, comme on les appelait autrefois. Touchantes institutions bien propres à guérir ou à prévenir les maladies de l’âme, mille fois plus dangereuses que les souffrances du corps. Ce fut la pensée d’Anne de Bretagne, notre bonne duchesse, lorsqu’elle établit à Rome la confrérie de Saint-Yves.

Les confréries, en substance, remontent à une haute origine, bien que, comme association, elles aient souvent changé de nom. Dans l’ancienne Scandinavie, dit M. Augustin Thierry, ceux qui se réunissaient aux époques solennelles, pour sacrifier ensemble, terminaient la cérémonie par un festin religieux. On y vidait à la ronde trois coupes de bière, l’une en l’honneur de la divinité, une autre pour les braves du vieux temps, et la troisième pour les parents et les amis, dont les tombes, marquées par des monticules de gazon, se voyaient cà et là dans la plaine. C’était la coupe de l’amitié, et le nom de ghilde qui fut donné à l’association