Page:France - Saint Yves.djvu/75

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les bœufs dont son langage imitait l’accent disgracieux. Son vœu aurait été exaucé à l’instant, et la postérité de cet homme continue de porter cette marque de la malédiction du Saint[1]. Le village où ses descendants se sont fixés s’appelle encore Kergomio, la ville aux Cornes. Ces souvenirs se sont tellement enracinés dans le pays, qu’une histoire de saint Yves ne serait pas complète, si on ne les rapportait sous la simple garantie de la tradition locale, cela se comprendra facilement.

Les habitants d’Yvias veulent de plus qu’il y ait eu, à cette époque, une école dans leur bourg, et que saint Yves l’ait fréquentée. Les légendes mêmes que nous venons de rapporter et d’autres encore, il les attribuent à des chicanes d’écoliers. Yvias est pourtant bien loin de Kermartin ; mais le saint jeune homme s’entretenait avec sa mère à une telle distance. Un de ses camarades à qui il en parla un jour se montra fort incrédule : « Mets tes pieds sur les miens, lui dit Yves, et tu entendras la voix de ma mère. » Le condisciple le fit et entendit parfaitement la voix et comprit les paroles

  1. C’est une espèce de loupe ou excroissance de chair que portent quelques personnes de la contrée.