Page:France - Saint Yves.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Yves de Kermartin et quelques autres encore. Quel sanctuaire fut jamais plus imposant !

Cependant les années s’écoulaient et le maître d’Yves Héloury avait épuisé la science du recteur de Pleubian, tout en s’occupant sérieusement de son jeune élève. Yves avait profité de ses leçons au-delà de toute espérance, et ses parents résolurent de l’envoyer avec son précepteur, à Paris, pour assister au cours de l’Université de cette ville, alors dans tout l’éclat de sa renommée. Ce fut, on le pense bien, un moment terrible pour eux : il fallait se résoudre à se séparer, pour de longues années peut-être, d’un fils qui faisait la joie et la consolation de la maison. De la demeure du recteur de Pleubian, Yves pouvait venir, pour ainsi dire tous les jours, à Kermartin, où ses vertus et sa tendre piété exerçaient déjà la plus douce influence. Se séparer de lui à l’âge de quatorze ans, alors qu’il semblait avoir le plus besoin de l’appui de ses parents ; le laisser aller seul, pour ainsi dire, dans une ville lointaine, exposé à tous les dangers du corps et de l’âme, il fallait toute leur foi et leur vertu pour se résigner à un tel sacrifice.

À cette époque, un voyage à Paris durait plusieurs jours et n’était point sans danger. Les