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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/103

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SOUVENIRS D’UN PAGE.

le voyant ainsi décidé à ne pas s’éloigner, plusieurs de ses officiers l’avaient quitté.

Le premier consul commit, pour diriger le mouvement, le général Armand de Caulaincourt, dont la famille avait été, de tout temps, comblée des bienfaits de la maison de Condé. Aussi a-t-on prétendu, pour effacer cette tâche d’ingratitude, que M. de Caulincourt avait refusé cette mission, prétextant une blessure causée par un coup de pied de cheval, et que ce n’avait été que sur les menaces du premier consul, et pour d’autres raisons qu’il ne m’appartient pas de juger, qu’il s’était enfin décidé à affronter cette terrible responsabilité.

Le 15 mars 1804, le général passa le Rhin avec une division considérable. Il connaissait parfaitement l’état de la maison du prince par les rapports de ses espions. Quelques jours auparavant, un de ceux-ci, vivement poursuivi, n’avait échappé qu’en jetant derrière lui un paquet cacheté qu’on avait bien vite ramassé, croyant y trouver le secret du complot, mais qui ne renfermait que du papier blanc.

Une colonne ayant entouré la maison, deux officiers montèrent par une croisée. En vain le prince essaya-t-il de se défendre, il fut désarmé, arrêté, mis sur un cheval, et emmené avec tant de rapidité que, ayant perdu son chapeau dans sa course, il fut obligé de se couvrir d’un bonnet de police qu’un officier du détachement lui offrit. C’est ainsi qu’il entra dans la citadelle de Strasbourg, par la porte de secours.