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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/108

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LE DUC D’ENGHIEN.

Parmi ceux qui allaient assister à cette triste exécution, le commandant du détachement n’était pas le seul qui fut tenu à la reconnaissance envers les Condé. La femme du commandant, comme je l’ai dit, leur devait sa fortune ; aussi donna-t-elle des marques de la plus vive douleur quand elle le vit passer pour aller à la mort. « Sois tranquille, lui dit son mari, le bruit que tu vas entendre n’est que pour l’effrayer. »

Aussitôt après la lecture du jugement, le malheureux prince demanda les secours de la religion ; on assure qu’un sourire insultant fut la seule réponse qu’il obtint. « À cette heure, lui aurait-on dit, tous les prêtres sont couchés. » Le prince, indigné, ne répondit pas un mot, il s’agenouilla, et, après un instant de recueillement, se releva et dit : « Je suis prêt. »

Il n’est pas vraisemblable que les généraux Savary et Murat aient été, comme on l’a dit, présents à l’exécution. Le caractère bien connu de bonté de ce dernier dément, à lui seul, cette assertion. Ce fut à Hullin que le prince remit un portrait et une mèche de cheveux destinés à son épouse, mademoiselle de Rohan, qu’il avait épousée en Angleterre, sans avoir jamais rendu ce mariage public, et qui, — on l’a du moins prétendu, — se trouvait alors en France. Hullin montra ce portrait dans un dîner quelques jours après.

Le duc d’Enghien fut fusillé dans la partie orientale des fossés du château, à l’entrée d’un petit jardin. On