ce fut de voir un portrait de Louis XV dans l’antichambre. Je trouvais que cette place blessait également le respect et la reconnaissance.
Madame Dubarry était fort aimée à Luciennes et y faisait beaucoup de bien, la bonté du cœur étant une des qualités les plus ordinaires à la classe d’individus dont elle était sortie. Souvent elle donnait des fêtes à ses paysans dans son parc ; et ce peuple, qui se souvenait d’avoir vu le souverain à ses pieds, dans ses courses fréquentes à Luciennes, et qui juge tout sur l’extérieur, admirait comme elle s’abaissait et comme elle oubliait sa grandeur !
Le séjour de madame Dubarry à la cour lui avait fait perdre cette grossièreté de son premier état. Ses grâces, son aisance, et certain jargon particulier au pays, cachaient chez elle, comme chez bien des courtisans, l’ignorance et le défaut d’éducation.
De tous ses anciens admirateurs, les deux qui ne l’abandonnèrent pas dans sa disgrâce, et furent toujours ses amis, étaient le duc de Brissac et le maréchal de Richelieu. La valeureuse générosité du premier s’indigna d’abandonner dans le malheur l’objet qu’il avait encensé par amour pour son roi. Le duc de Brissac était, à la cour de Louis XV, un chevalier du temps de Philippe-Auguste. Quant au maréchal, c’était lui qui l’avait tirée de l’obscurité ; et, outre l’impulsion de son cœur, il suivait peut-être en cela les ordres du feu roi qui, en mourant, lui recommanda sa favorite dont il devait prévoir l’abandon.