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SOUVENIRS D’UN PAGE.

Un bruit assez répandu à Versailles était que Louis XV puisa la maladie dont il est mort dans les bras de la fille du jardinier de Luciennes, jeune enfant que madame Dubarry lui aurait prostituée, et chez qui la petite vérole se serait développée peu d’heures après. On peut croire que madame Dubarry, intéressée à conserver l’amour du roi, aurait pu se prêter à ce coupable manége ; mais est-il possible qu’un roi âgé, même égaré par ses sens, puisse pousser le libertinage jusqu’à corrompre la jeunesse ? Pour moi, je ne saurais le penser ; on a répandu alors tant de bruits calomnieux, que je suis porté à attribuer à celui-ci le même caractère. Que le public croie donc ce qu’il voudra de ce bruit populaire, que j’ai trouvé très-répandu, et qu’il fasse là-dessus toutes les réflexions qu’il serait de nature à suggérer en le supposant fondé. Toutefois, l’on doit à madame Dubarry la justice de dire que sa conduite, après la mort de Louis XV, fut, extérieurement du moins, aussi décente et aussi régulière que possible ; et que si elle lui donna un successeur dans son cœur, ce fut du moins avec les ménagements que la mémoire du roi commandait, et de manière à ce que le public n’en pût jamais rien savoir.