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SOUVENIRS D’UN PAGE.

chambres où nous logions, toutes peintes en jaune vernissé et meublées uniformément. Comme ces chambres n’allaient qu’à la moitié de la hauteur de l’étage, il régnait, au-dessus, une espèce de galerie disposée comme des loges au spectacle, et servant de garde-meuble. Quatre poêles énormes étaient placés aux extrémités, et leurs tuyaux, passant au-dessus des chambres, y distribuaient une chaleur suffisante. Au fond de la galerie, une grande salle, bien chauffée, servait pour les études. Les deux sous-gouverneurs, le précepteur et l’aumônier avaient leurs appartements dans les mansardes, où se trouvait aussi la lingerie. Le gouverneur occupait le pavillon, sur la place d’armes. Là était placée notre bibliothèque, ouverte deux heures par jour, pour y changer les livres et y lire les papiers publics. On y trouvait aussi une collection de cartes géographiques, de rondes bosses à dessiner et d’instruments de physique.

Les pages de la grande écurie avaient pour uniforme la livrée du roi, c’est-à-dire des habits bleus couverts de galons en soie cramoisi et blanc. Mais dix-huit d’entre eux, au choix du grand écuyer chargé du service à cheval, avaient des habits bleus galonnés en or, veste et culotte rouges. Les poches, en travers ou en long, distinguaient la grande de la petite écurie.

Autrefois, la grande écurie n’avait d’autre service que d’éclairer le roi au retour de la chasse, et de le conduire à la messe ; et le premier page tenait l’étrier droit quand il montait à cheval. Mais, depuis la ré-