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LES PAGES.

nome, dont les ouvrages sont aujourd’hui publiés sous son véritable nom : M. de Gy.

Les matinées étaient consacrées au manége, où se réunissaient tous les pages de Versailles. C’était, sans contredit, le plus fameux de l’Europe, tant par la beauté des chevaux que par le talent des écuyers. Le nombre de ces chevaux, qui était de deux cent quarante à mon arrivée, fut réduit ensuite à cent. Ils étaient tous de la plus grande beauté, et servaient dans les cérémonies. Naturellement difficiles, peu accoutumés au soleil, animés par le bruit, ils faisaient souvent le désespoir de leurs cavaliers. Pour leur service ordinaire, les pages avaient un rang de vingt à trente chevaux légers à la course. Il me serait difficile de dire combien le roi avait de chevaux ; mais je crois que, avant toutes les réformes, le nombre en allait bien à trois mille. Les chevaux de monture étaient à la grande écurie et ceux d’attelage à la petite. Le grand écuyer de France était Charles de Lorraine, appelé en France prince de Lambesc, parce que la souveraineté de cette maison n’y était pas reconnue, et qu’on lui refusait le titre d’Altesse. Le prince de Lambesc, aujourd’hui général autrichien, était un très-bon militaire, ferme, même dur, mais nullement féroce, comme les révolutionnaires ont voulu le montrer. C’était un des meilleurs écuyers de France. Dès cinq heures du matin, même en hiver, il était au manége que l’on faisait éclairer, à monter ou dresser des chevaux, et à donner des leçons. C’est lui qui m’a donné