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SOUVENIRS D’UN PAGE.

mes premières instructions ; en termes de l’art, c’est lui qui m’a fait ma longe. Depuis la suppression de la charge de connétable, le grand écuyer en faisait les fonctions. Il était alors vêtu de drap d’or, et portait l’épée royale dans un fourreau violet semé de fleurs de lis d’or.

Outre la beauté des chevaux, on allait admirer encore, à la grande écurie, le garde-meuble où l’on conservait toutes les selles de cérémonies, et une multitude d’anciens harnais et d’armes qui avaient autrefois servi dans les tournois.

On conservait parmi les pages, depuis plus d’un siècle, un petit poëme fait par M. de Cadrieux, page sous Louis XIV. Ce petit ouvrage, écrit d’une manière aussi légère que plaisante, contenait les usages établis parmi les pages, les règlements et l’emploi de la journée. Le caractère de chaque page y était tracé avec originalité. J’y avais fait quelques changements que le temps avait rendus nécessaires, et substitué le portrait des pages de mon temps ; mais cette copie s’est trouvée perdue dans mes voyages, et je la regrette souvent.

Les pages de la reine, au nombre de douze, étaient vêtus de rouge, galons en or. Monsieur et M. le comte d’Artois avaient chacun quatre pages de la chambre, douze aux écuries ; et leurs épouses, huit. Ceux de Monsieur et de Madame étaient aussi en rouge et or. Les pages de la chambre étaient habillés de velours brodé ; les différences de la pose du galon faisaient la distinction que les couleurs ne faisaient pas. Tous ces