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LES GARDES.

des lettres de grâce. C’est depuis cet événement qu’une haie de gardes du corps et de cent Suisses entourait la voiture du roi quand il y montait. Une fois hors de ses appartements, le roi était constamment suivi de son capitaine des gardes, qui ne devait jamais le perdre de vue et ne point s’en laisser séparer, si ce n’est dans un défilé où l’usage voulait que l’écuyer passât le premier pour donner du secours en cas de besoin.

Le rang militaire du capitaine des gardes dépendait de celui qu’il avait dans l’armée et n’était pas fixé. Souvent, comme M. le duc de Guiche, il n’était que colonel, tandis que les lieutenants étaient maréchaux de camp, et les sous-lieutenants colonels ou lieutenants-colonels.

Plusieurs de ces officiers accompagnaient le roi quand il allait à la messe, et un sous-lieutenant commandait le piquet qui suivait la voiture du roi. L’uniforme avait en broderies ce que celui des gardes avait en galons ; mais les officiers ne portaient point les bas rouges ; ils avaient à la main une petite canne d’ébène avec une pomme en ivoire.

Je dois dire, dans l’intérêt de la vérité, que les gardes du corps furent de tout temps très-insubordonnés à leurs chefs. Leurs murmures, leurs querelles sur les honneurs à leur rendre, faisaient parfois oublier leur bravoure. Ils furent les premiers, au commencement de la Révolution, à donner l’exemple de la révolte, en allant demander tumultueusement la réintégration d’un brigadier mis à pied pour un mémoire séditieux