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SOUVENIRS D’UN PAGE.

présenté par lui contre le service qu’on exigeait des gardes. Et c’est tout au plus si leur conduite, le 6 octobre, a pu effacer cette atteinte à la première des vertus militaires : l’obéissance et la soumission aux chefs. Forcé par des circonstances particulières à servir dans ce corps, à Coblentz, j’en ai vu, sans partialité, les vices et les défauts, mon service n’y étant que momentané ; et je me suis convaincu que si c’était une des plus braves troupes de l’armée, c’en était aussi la plus orgueilleuse et la plus indisciplinée.

Huit gardes de la compagnie écossaise avaient le titre de gardes de la manche ; aussi, deux d’entre eux, de service tous les jours, ne s’éloignaient pas, en public, de la manche du roi. Leur consigne était de ne pas perdre de vue un seul instant la personne du roi ; et on peut dire que le couvercle du cercueil pouvait seul la leur dérober, puisque c’était à eux à l’y placer, et à descendre le corps à Saint-Denis. Par-dessus leurs uniformes ils mettaient des hoquetons, espèces de tuniques couvertes de broderies d’or et d’argent relevées en bosses.

Lorsque Louis XI renouvela avec ses bons compères, les Suisses, les traités signés par son père Charles VII, il en voulut garder cent près de sa personne. De là l’origine de la compagnie des cent Suisses, qui continuaient à être pris parmi les plus beaux hommes du régiment des gardes suisses ; aussi c’étaient tous des colosses. Fidèles à leurs mœurs et à leurs usages, ils portaient encore, les jours de cérémonie, l’antique