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III
INTRODUCTION.

hommes et naissent de nouveaux usages, et, pour beaucoup de gens, ceux du règne de Louis XVI, semblent déjà du moyen âge. Un roi, une famille illustre, la première d’un vaste et puissant empire, intéressent toujours, mais surtout alors qu’on connaît leurs malheurs et qu’on les a vus, par une chute d’autant plus rapide et plus terrible qu’ils étaient plus élevés, tomber du faîte de la grandeur aux abîmes les plus profonds de la misère humaine.

Fut-il, en effet, une période plus fertile en événements que celle des cinq ou six années que j’ai passées à la cour ? Les princes étrangers y accouraient de tous les pays, moins pour en admirer la magnificence, déjà sur son déclin, que pour y voir de leurs yeux la bonté du roi et la douce majesté de sa compagne. Des bords du Gange même arrivait une de ces ambassades qui se montrent à peine une fois en chaque siècle, et qui, par leur rareté, ont le privilége de piquer vivement la curiosité et de faire encore, longtemps après, le sujet des conversations du peuple.

Cherche-t-on des événements politiques ? nous verrons un roi généreux, voulant sincèrement le bien de son peuple, en opposition avec les principaux corps du royaume, et déployant dans ses lits de justice ce qu’il avait pu conserver d’autorité et de grandeur. Ces imposantes cérémonies étaient toujours une manifestation éclatante de la puissance du monarque. Ici, elles sont sans effet, parce que les magistrats, ces défenseurs naturels de la monarchie, et les princes eux-mêmes, ces soutiens nés du trône, se réunissaient pour ruiner la monarchie et le trône. Bientôt, de toutes les parties du royaume sont appelés les sages entre les sages, les