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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/185

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SOUVENIRS D’UN PAGE.

miers officiers ne s’y trouvaient pas. Le roi prenait ensuite sa chemise ; elle lui était donnée par le premier gentilhomme de la chambre. Mais si l’un des princes du sang était présent, c’était lui qui avait le droit de passer la chemise, ce qu’on regardait comme un grand honneur. Le premier gentilhomme de la chambre présentait alors la robe de chambre au roi, qui ôtait de ses poches sa bourse, un énorme trousseau de clefs, sa lunette et son couteau ; il laissait tomber son haut-de-chausses sur ses talons, et dans cet état causait encore assez longtemps. Enfin, il venait se placer dans un fauteuil ; un garçon de la chambre, à droite, un de la garde-robe, à gauche, se mettaient à genoux et prenaient chacun un pied du roi pour le déchausser. Alors les deux pages de la chambre s’avançaient et mettaient les pantoufles ; c’était le signal de la retraite. L’huissier le donnait, en disant : « Passez, Messieurs ! » Il ne restait plus que les princes, le service particulier et ceux qui avaient les petites entrées. Ils entretenaient le monarque pendant qu’on le coiffait de nuit. C’était l’instant des joyeux propos, des petites anecdotes ; et souvent le rire franc et bruyant du bon Louis XVI venait frapper nos oreilles dans l’Œil-de-Bœuf, où nous attendions l’ordre pour le lendemain.

Avant que Louis XVI ne fut absorbé par ses peines, le coucher était le moment de ses délassements et de ses jeux. Il y faisait des niches aux pages, agaçait le capitaine Laroche, ou faisait chatouiller un vieux valet de chambre si sensible que la peur seule le faisait enfuir.