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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/199

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SOUVENIRS D’UN PAGE.

tives de la royauté, le roi étant regardé comme sous-diacre.

Quand les évêques prêtaient serment au roi, c’était après l’évangile d’une messe qui se disait à l’autel de Sainte-Thérèse, où le pinceau de Santerre avait représenté cette sainte en extase, si belle, si voluptueuse, que bien des prêtres craignaient de dire la messe à cette chapelle.

Le grand aumônier de France était le cardinal de Montmorency-Laval[1], évêque de Metz, prélat fier et fastueux, que son nom, plus que ses connaissances, avait porté aux plus hautes dignités de l’Église. Il avait succédé dans cette charge au cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg, après la malheureuse affaire du collier, où l’on avait vu le nom de la souveraine servir d’instrument à des fripons pour duper un grand seigneur. Aux yeux de la justice, le prince de Rohan n’était point coupable, et l’arrêt du parlement de Paris était conséquent, car le parlement n’était point juge des mœurs sociales ; mais aux yeux de la majesté royale le cardinal était répréhensible pour avoir cru sa souveraine capable d’entrer dans un marché clandestin dont les clauses étaient aussi déshonorantes pour lui que pour elle. La perte de ses charges, son exil loin de la cour, n’étaient donc pas une injustice, Comme ont voulu le faire croire les ennemis de la reine. Le cardi-

  1. Louis-Joseph de Montmorency-Laval, évêque de Metz, grand aumônier depuis 1786, ne devint cardinal qu’en 1789. (Notes des éditeurs.)