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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/207

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SOUVENIRS D’UN PAGE.

au peuple que le souverain est, sur la terre, le représentant du Dieu de l’univers. Et quel frein donner à une formidable multitude, si ce n’est la crainte de Dieu, source du respect et de l’amour que l’on doit au dépositaire de son autorité ?

Dans ces derniers temps, on n’agissait plus d’après ces principes à la cour de Versailles. Par une économie mal conçue ou pour des motifs tirés d’un autre ordre d’idées, en bien des circonstances on dépouillait le trône de sa splendeur. Point d’ordre au milieu d’une cérémonie publique. À peine le spectateur, accouru du fond de la province, pouvait-il, au milieu d’une troupe d’officiers, reconnaître le roi. L’éclat de ses pierreries brillait seul un instant ; tandis qu’on aurait dû laisser le prince seul, l’entourer à distance, et laisser aux sujets le temps de l’examiner, de se pénétrer de son image et de la graver pour longtemps dans leurs souvenirs.

En d’autres circonstances, à peine le monarque prenait-il un costume au-dessus de celui des courtisans ; et cette simplicité, d’ailleurs si bien en harmonie avec les goûts de Louis XVI, le rendait souvent invisible au milieu de sa cour. L’antique manteau royal avait disparu, et la couronne, après s’être placée un instant sur le front du monarque, le jour de son sacre, ne paraissait plus que sur son cercueil.

Je suis bien loin de penser que le retranchement d’un costume, d’une cérémonie pompeuse, puisse faire une révolution ; mais ceux qui ont médité dans le si-