Horace, est le souverain qui gouverne le monde. » Vingt fois, dans une conversation, nous demandons pardon à un homme que nous n’avons point offensé ; dans nos lettres nous nous déclarons le très-humble serviteur de gens que nous méprisons ; dans mille circonstances, enfin, nous trouvons, en vertu d’un usage établi, nos paroles en contradiction avec notre cœur.
Le roi donnait à souper, en grande cérémonie, à la nouvelle ambassadrice ; mais le fauteuil seul y était, car ni le roi ni sa famille n’y paraissaient. C’était la seule occasion où les pages servaient le grand écuyer et le premier gentilhomme de la chambre, qui représentaient le souverain. Ce service, toutefois, ne se faisait pas comme dans les cours étrangères. Là, en effet, j’ai vu les pages servir, la serviette sous le bras, avec les laquais ; il est vrai qu’ils ne faisaient attention qu’à leur prince, et que s’ils offraient quelques plats à la personne placée à côté, on ne les recevait qu’avec beaucoup de politesse. À Versailles, au contraire, dans les repas dont je parle, le page, le chapeau sous le bras, se plaçait derrière le grand officier, suivi de deux laquais. Quand l’officier demandait une assiette, le page la recevait des mains de l’un des valets, tandis que l’autre prenait celle qu’on renvoyait ; mais la première une fois reçue, le page était prié, avec beaucoup de remercîments, de se retirer. Je n’ai vu que deux de ces soupers : l’un pour la comtesse de Cordon, ambassadrice de Sardaigne, l’autre pour celle de Suède, fille